ULTRAMARIN 2017 COURIR POUR MARIE SE MET AU GOLFE

Ultramarin 2017 (du 30/06/17 au 2/07/17)

Ou quand Courir pour Marie se met au golfe

Certaines organisations de course telles ASO challenges ont beaucoup de mal à offrir des dossards, d’autres, telles que le Pas du diable, la Saintélyon, l’Ecotrail de Paris ou l’Ultramarin ne demandent qu’à aider les associations comme la notre à se mettre en avant.

J’ai ainsi pu contacter Bernard Landrein, le président de l’organisation de l’Ultramarin qui s’est fait un réel plaisir de nous offrir 3 dossards pour le grand raid 177kms du Morbihan afin de représenter notre cause. Une fois sur place, je pourrai effectivement constater la dimension associative de l’événement avec « Cassiopéa », « guériducancer » et une foule d’autres associations ou autres représentations de groupes type « Vegan runners », « Pink runners », « courir le monde » …..

Comme je l’ai déjà dit dans un précédent article, j’ai déjà pratiqué le 87 kms et c’est la 2ème fois que je m’aligne sur le grand raid 177 kms,  de plus, je suis un amoureux transi de la Bretagne (Marathon de Rennes, 100kms de Cléder), tout me ramenait ici comme pour un pèlerinage. Donc, un grand MERCI à Bernard Landrein et toute son équipe pour leur gentillesse, leur soutien et leur accompagnement.

Bref, nous voilà, les Lapins runners et moi-même inscrits sur l’épreuve la plus longue en une seule étape en France pour la 2ème année consécutive.

L’année dernière, nous étions sur Vannes à 15h pour un départ à 18h le jour même. A posteriori, il n’est vraiment pas top de prendre le départ d’une course aussi longue avec une fatigue déjà présente.

Aussi, cette année, j’ai saisi l’opportunité d’un changement de planning pour partir la veille et dormir sur place. J’ai donc eu l’occasion de faire la route avec l’ami Gilles Duffossé (Arlequin au nez rouge du Marathon de Sénart 2016) du groupe « Courir le monde », je n’ai rien vu du parcours tellement les discussions furent intéressantes et enrichissantes.

Une fois sur place, retrait des dossards, ballade sur Vannes pour dégourdir les jambes, hôtel le soir (Espace Montcalm, ancien couvent reconverti en hôtellerie, séminaire …. Pris très raisonnables et calme assuré).

On se retrouve le vendredi matin pour croiser Simon Melleard, qui court également pour Marie, et Jaytitou Maugars qui prendront le départ de leur première longue distance, le raid 87 kms au port du Crouesty à 15h, bon courage à eux. Carole et Emir seront également présents mais repartiront pour assister au départ de nos 2 camarades.

Pour nous, ce sera après midi sieste pour mieux préparer l’épreuve.

Nous pensions avoir largement le temps de nous préparer mais le naturel revenant au galop, nous voilà à courir pour poser notre sac de rechange au gymnase, nous préparer (crème, pansements …), nous voilà prêts à rejoindre la ligne de départ avec 10 min d’avance, ouf …..sauf que …..nous croisons nos lapins préférés qui cherchent le gymnase, hors de question de les abandonner comme ça, nous les accompagnons donc jusqu’au lieu dit, retour en mode échauffement pré-course arrivée au départ pile poil à l’heure en toute fin de peloton, mais ensemble, et c’est ce qui compte.

18h, le départ est donné et, surprise, cette année, pas de tour d’honneur dans la ville avant le « vrai » départ, dommage, je trouvais ça sympa. Donc demi tour au bout du quai Tabarly pour ensuite passer sous l’arche noire et …. C’est parti ! Nous voilà, petit groupe de 4 coureurs élancés sur l’épreuve.

Tout en restant groupés, nous serons toutefois éparpillés car cette année, beaucoup de coureurs sont venus nous voir parce qu’ils avaient vu les vidéos d’Emir sur l’Ultramarin 2016 et certains étaient là grâce à ces vidéos. Ce fut un très bon moment de partage et d’échanges, ce moment où le virtuel des réseaux sociaux rejoint le réel et durant lequel on a l’impression de déjà se connaitre. L’état de fraicheur physique des premiers kms incite à la discussion et aux échanges. Jusqu’au 1er ravitaillement du 17e km, tout va bien, le rythme est soutenu mais correct, nous essaierons de nous calquer sur notre expérience de 2016. Les ravitos sont variés, il y en a pour tout le monde, on s’arrête, on mange, on papote, l’ultra n’a pas encore commencé. Mon talon me laisse relativement tranquille.

Nous longeons la côte nord du golfe du Morbihan, les paysages sont magnifiques, variant entre petites portions de routes, passages en forêt  et le long de la plage par les sentiers des douaniers.

22h47, Larmor Baden, 35ème km, ravito convivial où les familles peuvent rejoindre les coureurs, ce qui lui donne une ambiance particulière. Nous en sommes à 4h47 de course, cela commence à se sentir. La nuit fait son apparition, la température baisse, il est temps de se vêtir pour la partie nocturne, d’installer sa frontale et de faire le plein d’eau et de nourriture car la nuit, le rythme baisse, nous sommes concentrés à ne pas chuter, les repères diurnes disparaissent, la course change de visage, les conversations s’estompent, elles ne reprendront qu’au petit matin. Nous sommes toujours ensemble et nous avons Nicolas qui s’est rajouté au groupe. J’aurais envie de dire que « jusque là, tout va bien ».

Malgré tout, ce passage entre le 35ème et le 52ème km va mettre en évidence mes difficultés. Je vais avoir du mal à suivre mes compagnons d’aventure, mon talon me rappelle à l’ordre en déclenchant une douleur à chaque fois que mon pied se pose sur un caillou. J’alterne plus souvent le rythme course-marche. Pour moi, l’ultra commence à se mettre en place, c’est le moment où la tête dirige le corps et pas l’inverse. Un écart se crée entre mes camarades et moi. Plus le groupe est nombreux, moins il y a de chance que les rythmes de chacun se synchronisent.

Au ravito du Bono, 52ème km, après une courte pause, je repartirai seul.

Un certain regain d’énergie me permettra de rejoindre l’embarcadère de Locmariaquer, 82ème km, et c’est tant mieux car l’un de mes objectifs était d’atteindre ce point de la course à peu près dans les mêmes repères horaires que l’année dernière (6h50), j’y serais à 6h25.  Pour moi, cette course se divise vraiment en 2 parties, la partie Nord du golfe, de Vannes jusqu’à l’embarcadère du Zodiac à Locmariaquer, 82 kms, et la partie Sud du golfe, du débarcadère d’Arzon jusqu’à Vannes. La première partie correspond à une mise place des rythmes des coureurs, la création improvisée d’équipes de compagnons de route, le mental est frais et propice à la conversation, à la découverte de l’autre. Lorsque l’on descend du zodiac, les muscles sont endoloris, le corps est transi de froid par la fatigue de la première nuit ajoutée à la promenade marine sur le bateau de bon matin.

La deuxième partie commence avec un corps fatigué et un esprit embrumé, il me tarde de faire les 5 kms qui me séparent du ravito d’Arzon, 87ème km, la moitié de la course. Cette partie, je le sais, se joue au mental, c’est là que l’on peut lacher. De ma perception des choses, c’est à partir du ravito d’Arzon que la machine « ultra » entre vraiment en jeu, c’est à partir de là que l’on rentre dans sa petite bulle, que l’esprit entre en mode questionnement, que l’on se cherche, le peloton s’est largement étiré, de longues périodes seront parcourues seul, c’est une période propice à la méditation sur soi-même et c’est ce que j’adore car je sais qu’après cette période d’inconfort, je retrouverai ma vie normale. Voilà pourquoi j’accorde tant d’importance à ce ravito, car il est primordial d’en repartir avec les batteries physiques et mentales chargées à bloc et c’est également un moment important car on y récupère le sac que l’on a laissé au départ, ce qui nous permet de changer nos vêtements, nos chaussures, de faire nos petits soins nécessaires pour la suite, Nok, Arnicadol, …. Eventuellement de prendre une douche, un peu de repos, des lits sont à notre disposition ainsi que des équipes soignantes, kinés, ostéo, médecins … Le ravito, en lui-même, est plus conséquent, dans un gymnase, on nous y servira des pâtes, de la soupe et tout ce qu’on peut trouver sur un classique mais sur un plateau repas. Comble de joie, je retrouve mes 4 camarades, très heureux de partager ce moment avec eux qui ont l’air aussi fatigués que moi, ça me rassure quand même un peu.

Je repartirai seul de ce ravito, mon rythme n’étant pas vraiment synchro avec le leur, de plus, j’ai cette douleur au pied qui ne passe pas. Sur cette course, les barrières horaires sont larges et permettent de marcher très souvent sans grandes craintes de se voir rattrapé par le temps limite.

Je me lance donc, bon an mal an, sur cette deuxième partie, j’alterne course-marche à un rythme à peu près régulier.

Ravito de Sarzeau, départ du 56 kms à 17h, j’y serais à 15h55, j’y croiserais malheureusement nombre d’abandons dont Nicolas et Francine, ça me fait mal au cœur de les laisser là, j’essaie de négocier avec eux pour qu’on continue ensemble mais leur décision a été prise avant que je n’arrive, dossards et puces déjà rendues. De toute façon, un abandon est, dans la majorité des cas, mûrement réfléchi, même si des fois, à postériori, on pense qu’on aurait pu continuer.

Bref, je repars avec un certain malaise de les laisser là. Ce malaise sera vite apaisé quand je verrai mon pote Simon qui a couru la veille le raid 87 kms aux couleurs de l’association. C’était son premier et tout porte à croire qu’il s’en est très bien sorti. Le temps de quelques petits mots, de 2-3 photos pour immortaliser l’instant et le moral est regonflé à bloc. Merci Simon.

Le mental et le moral au taquet, je continue ma route, vu le rythme et l’heure, il est clair que je suis bon pour une deuxième nuit de course. Pour l’instant, en tout et pour tout, j’ai dormi ¾ d’heure environ (ou une petite heure) sur un banc entre Sarzeau et le Hezo vers le 128ème km, cela m’a permis de tenir une certaine allure sur les monotraces lorsque j’avais un peloton de coureurs du 56 kms qui, eux, étaient frais comme des gardons et malgré qu’ils fussent d’une extrême gentillesse avec toujours un petit mot gentil d’encouragement pour moi, je sentais bien que je les ralentissais sur certains passages serrés. Il fallait donc de temps en temps pousser l’allure pour éviter de créer des bouchons, je me suis donc surpris à pouvoir tenir une vitesse de plus de 11 km/h sur de courtes distances.

Je maintiendrais malgré tout un rythme assez lent, la nuit approchant avec son lot de questionnement quant à la suite de l’épreuve, ne me motivera pas à accélérer. Je remets ma veste et ma frontale et c’est parti pour une deuxième nuit.

J’arrive au ravito de Séné, 155ème km, vers 23h30, très fatigué, l’épreuve me semble interminable. Le rythme lent y est pour beaucoup. L’année dernière, à cette heure ci, j’étais déjà arrivé. J’ai alors une grosse pensée pour mes amis lapins runners, Carole et Emir, ainsi que Gilles, que je pensais être loin devant moi mais qui au final ne me précédaient que de peu d’après les coureurs que j’ai rencontré.

Après cette pause, il restera 22kms pour finir, je décide de ne pas trop tarder, je fais le plein d’eau, je mange un peu, un tour aux toilettes et ….. c’est là que j’entends quelqu’un m’appeler, je cherche autour de moi et j’aperçois Gilles couché sur un lit de camp, il n’est pas seul, un peu plus loin, je vois Carole et Emir, eux aussi, allongés. Intérieurement je renais, je revis. Nous étions partis à quatre voilà qu’à 22kms de la fin, on se retrouve. Tout d’un coup, un doute m’assaille, auraient ils abandonné, eux aussi ?? Non, Gilles me rasure, la condition physique n’était plus là, il est arrivé en premier, a décidé d’attendre les Lapins et d’un commun accord, sachant que je n’étais guère très loin derrière, en ont profité pour se reposer et m’attendre. Cette attention me touche au cœur. Le visage de la course change du tout au tout, nous allons repartir ensemble pour terminer l’épreuve main dans la main. Cette deuxième nuit se fera donc sous le signe de l’amitié, aucune notion de performance, juste l’envie de terminer ensemble afin de rendre cette session 2017 encore plus mémorable. Cette nuit nous paraitra longue, très longue. Ces 22kms seront interminables, nos corps sont épuisés, à la limite de la rupture mais nous partageons ces instants à quatre et c’est tout ce qui compte.

Le port de Vannes pointe le bout de son nez au petit matin, il n’y a pas grand monde à cette heure ci pour nous accueillir.

Erreur !!!!! Voilà qu’apparaissent deux personnes, deux coureurs qui ont fait leur premier ultra la veille en terminant le raid 87 kms. Jaytitou Maugars et Simon Melleard se sont levés aux aurores pour assister à notre arrivée, si je ne me retenais pas, j’en aurais les larmes aux yeux. Je suis profondément touché par ce geste. Ils nous accompagneront ainsi sur le dernier km et passeront l’arche d’arrivée avec nous, partageront ce moment unique où, au bout de nos forces, nous terminerons tous les quatre, la main dans la main.

Voilà, le reste de l’histoire n’est que repos, congratulations et récupération. Nous nous quitterons le lendemain en nous promettant de nous revoir rapidement.

Pour ma part, je resterai tout le dimanche puis prendrai la route le lundi. Mais avant de rentrer, je me devais de respecter la promesse que j’avais faite à notre généreux donateur nantais qui nous a permis, par un don équivalent à la facture, de nous procurer le fameux fauteuil Hippocampe Marathon que j’avais eu le privilège de tester sur le Marathon de Paris 3 mois avant.

Me voilà donc à passer la journée avec Eric Oger, charmant homme qui nous a connu par le biais des vidéos d’Emir, à nous raconter nos vies. Ce fut un moment de partage inoubliable qui me fit oublier les 35h de courses de ce week-end.

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avec Eric Oger

Merci Eric Oger pour ton accueil et ton geste plus que généreux.

Merci à Bernard Landrein de nous avoir permis de vivre à nouveau cette aventure.

Merci Carole, Emir, Gilles et Nicolas d’avoir partagé cela avec moi.

Merci Jay et Simon de nous avoir accueilli de la sorte à notre arrivée sur Vannes.

Merci à tous de nous suivre. Désolé pour le retard des articles. Quant à la vidéo, j’ai énormément de mal à y arriver, mais je ne désespère pas.

A bientôt pour une nouvelle aventure.

 Ben

Lien pour les vidéos :

1ère partie

 

2ème partie

3 commentaires sur “ULTRAMARIN 2017 COURIR POUR MARIE SE MET AU GOLFE

  1. Merveilleux texte, tu m’as fais vibrée et jai pris conscience que cest une aventure hors du commun, Merci pour ce partage plein d’émotion
    Bravo ben, les lapins, je vous adore et je suis tellement fière de faire parti de cette belle famille je vous aime

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